Éditorial

L’actualité de la recherche en philosophie de l’éducation que la revue Arphé a entrepris de porter dès son premier numéro en 2020 peut s’entendre de deux façons. La première est celle du travail philosophique tel qu’il s’impose et se développe selon sa propre logique chez les philosophes qui ont placé l’éducation au centre de leur préoccupation ; la seconde témoigne de la façon dont la philosophie de l’éducation est saisie par l’état du monde et de la pensée, interpelée par cet état : il y a une vitalité et même une nécessité de la philosophie de l’éducation qui procèdent de l’actualité du monde.

Cette quatrième livraison, Arphé 2023, voit s’articuler ces deux dimensions, non seulement entre les textes qui la composent, mais aussi au sein des textes eux-mêmes. Son dossier thématique, revisitant les Humanités et leur place en éducation, ne pouvait manquer d’illustrer cette articulation : en effet, on a vu s’affirmer et se multiplier toutes sortes de candidatures au beau titre d’Humanités : de longue date du côté des sciences (Humanités scientifiques), plus récemment du côté des technologies (Humanités numériques), ou de certaines pratiques (Humanités médicales). Cette profusion et chacune de ses branches – en un temps où les Humanités sont déclarées « en crise » – ne pouvaient manquer d’interpeler la philosophie que cette problématique classique des Humanités en éducation n’a guère cessé de préoccuper.

Arphé n° 4 propose ainsi aux lecteurs un ensemble de réflexions sur les fondements de l’exigence éducative des Humanités, diversement revisitées, mais aussi diverses propositions visant à leur ouverture et à leur élargissement : on y trouvera ainsi, entre autres, un texte élargissant à l’enfance la pratique de la réflexion philosophique, et une autre contribution attentive à la place de la sexualité dans la formation humaine. Les Humanités pour être relancées doivent-elles être « refondées » ? C’est sans doute l’interrogation qui traverse l’ensemble du dossier, Cette « refondation » ne pourrait faire l’économie d’un examen critique de toutes les candidatures aux Humanités et de leurs prétentions à « l’humanisation », ni d’une analyse de la « crise des Humanités » elle-même.

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L’actualité de la philosophie de l’éducation et de la recherche en philosophie de l’éducation est aussi tributaire de celles et ceux qui s’y consacrent. En inaugurant une nouvelle rubrique, Itinéraires de recherche en philosophie de l’éducation, Arphé 4 (2023) répond à la décision de la revue de documenter cette actualité : les textes qu’on pourra y lire se situent au croisement d’une carrière avec ses dimensions institutionnelles et des engagements philosophiques personnels des auteurs. Les carrières comme les engagements personnels et les travaux dans le champ de la philosophie de l’éducation des deux auteurs pressentis, Alain Vergnioux et Michel Fabre, s’inscrivent dans la période historique ouverte au milieu des années 1970 qui a vu se développer en France et s’institutionaliser la philosophie de l’éducation ; tous deux ont été des acteurs de cette histoire, et appartiennent au groupe des membres fondateurs de la SOFPHIED ; ils étaient également membres de son premier bureau. C’est donc aussi une part de l’histoire de la philosophie de l’éducation en France que cette nouvelle rubrique contribuera à éclairer.

Le lecteur trouvera aussi dans ce numéro la rubrique International, ouverte cette fois à une contribution venue du Vietnam. Signalons enfin une autre innovation, en lien avec Arphé. En 2003, la revue a pris l’initiative d’un séminaire international. Les communications des auteurs invités peuvent trouver place dans les rubriques d’Arphé, mais sont également accessibles à l’écoute en différé. Les enregistrements sont accessibles sur un nouvel onglet du site de la Sofphied, l’onglet « Ressources ».

Bonne lecture, et bonne écoute.